Bêtes d'élevage

Ils sont là, ils sont froids,

Tous ces esprits étroits,

Ceux qui croient, ceux qui broient

Te plongent dans l'effroi.

 

Tu te voulais léger,

Léger comme un oiseau

Entre tous les barreaux

De leurs vues étriquées.

Mais que comprennent-ils

Quand ils te voient chercher

Un monde, un coin, une île

Où tu pourrais rêver ?

Toi, tu es un poète,

Tu ne peux pas rester

Avec ces pauvres bêtes

Écoutant leurs bergers.

Basta! mon petit, fuis !

N'essaie pas d'exister

Comme tous ces damnés

Qui se sont assoupis.

Assoupis sur leur vie

Ou assommés d'ennui,

Ils ne pourront jamais

Qu'être lourds et défaits.

Ils sont là, ils sont froids,

Tous ces esprits étroits,

Ceux qui croient, ceux qui broient

Te plongent dans l'effroi.